un coup de gueule surprise

Dernier jour de travail au lac. Direction St Girond plage ; La délivrance ; On va voir la mer!
L'océan s’étend à perte de vue. Le ciel, immense, est brumeux, d'un bleu laiteux. On perçoit uniquement deux traînées d'un rouge étouffé ; C'est le soir. À gauche, la plage se perd au loin, ne sachant distinguer la limite entre le ciel et la mer.
J'ai comme un sentiment d'immensité, de liberté. Le sentiment d'une immense liberté oppressante. D'un seul coup le ciel m'écrase, l'océan m'engloutie, j'ai envie de me cacher sous terre. J'ai un pincement au coeur, mon estomac se noud. Comment peut-on avoir peur devant un tel spectacle? Je me sens comme une crotte de mouche. C'est la première fois que j'ai réellement l'impression d'être sur une planète et non plus seulement sur une plage ou dans une ville.
En repartant, la brume forme comme un mur protégeant la plage, comme si, en rentrant dans la ville, en retournant à ma vie, je me voyais refuser l'accès à cette liberté. Liberté de pensée, liberté d’écrire, liberté de religion, liberté de…, toujours enfermée ; Quatre murs, la ville, la rue, la foule. Cette foule si sûre de sa liberté qu’elle court après ses droits et en oublie ses devoirs. La liberté se gagne par le respect ! Le respect des autres et de son environnement. Principe bafoué au nom de l’individu, au nom de la collectivité, au nom de l’économie, au nom de la politique ; bref, par égoïsme et avarice on devient esclave de ses propres envies. Assouvir tous ses désirs ne donne pas accès à LA Liberté. Cette liberté m’a frôlé le joue un soir de fin d’été ; Douce, délicieuse, éphémère, impalpable, inaccessible, angoissante… trop libre.

11 septembre 2000